Dans la Contre-Matinale du Média du mardi 26 octobre 2021, un volontaire de NSP a pu évoquer la situation de Pantin, entre mur de la honte du préfet Lallement pour les consommateurs de crack et postes non pourvus au collège Lavoisier, un problème que nous évoquions déjà, ainsi que celui de la fermeture de classes, en 2020, tant il est vrai que la Seine-Saint-Denis souffre de façon récurrente de la destruction du service public de l’Education nationale conduite par Blanquer sous Macron comme il le faisait déjà sous Sarkozy, sans grande résistance de nos édiles locaux.
Communiqué de la FCPE au sujet de la situation à Lavoisier :
Mardi 8 septembre 2020, à l’école maternelle Diderot de Pantin, dans le quartier des 4 Chemins.
Dimanche au marché Magenta, lors de notre distribution de tracts pour la marche du 26 en commémoration du suicide de Christine Renon, nous avons été avertis de la situation de l’école Diderot par Leila, une représentante de parents d’élève.
Lundi soir Leila nous a fait la liste des travaux non terminés dans l’école et autour, des malfaçons et de l’environnement hostile qui en résulte. Nous sommes donc ce mardi au rendez-vous des parents pour un rassemblement de soutien à l’occasion d’une réunion finalement annulée par la mairie et/ou la directrice.
Des parents désemparés et des enseignantes accablées nous accueillent. Nous observons en silence, nous écoutons les mots des parents qui viennent difficilement mais qui finissent par sortir dans une colère digne.
Je commence à faire quelques photos des plafonds nus à travers des fenêtres-meurtrières, les seules à pouvoir s’ouvrir. Je suis alors invité à entrer dans l’école pour prendre des photos à l’intérieur, bientôt suivi par les autres participants du rassemblement. Je découvre par moi-même l’état de l’école, décrite par Leila la veille : plafonds de béton à nu sans faux-plafonds, câbles électriques, tuyaux et gaines apparents, cadres de néons accrochés au plafond avec des moyens divers, lumière des fenêtres semi-cachée par des plaques de contreplaqué afin de protéger les enfants des encadrements des nouvelles fenêtres non terminés et potentiellement dangereux, placo-plâtres et finitions au plâtre non peints, trous dans les cloisons pour faire passer les câbles. Je regarde, je prends des photos, éveillé par la réalité de ce que je vois, après avoir été abasourdi par la description listée la veille par Leila.
Mais le véritable choc n’avait pas encore eu lieu. Au détour d’un couloir, une porte ouverte sur la salle du réfectoire, et là, les bambins assis accompagnés des animateurs. Je suis un vieux père de filles maintenant adultes, et je n’ai pas été en contact proche avec des enfants de 3, 4 ou 5 ans depuis longtemps. Le choc est celui-là, voir ces mômes, assis dans leur tout petit mobilier, qui semblent pour nous presque à ras du sol, avec des têtes un peu perdues en cette fin d’après-midi, et réaliser que c’est bien ces créatures qui sont les « usagers » de cette école-chantier. Le choc, qu’on absorbe, et qui fait venir plus tard des associations d’idées à cette maltraitance.
Après, c’est personnel. Chacun a son histoire et sa façon de voir l’Histoire. Mais c’est bien cette maltraitance de gosses, universelle, qui me vient à l’esprit. Des murs tristes de bâtiments sans chauffage, des enfants fatigués de leur journée qui rappellent d’autres enfants secoués par la folie des adultes, des bâtiments non terminés qui rappellent d’autres bombardés ou secoués par des tremblements de terre. Et finalement garder en tête l’image de ces bambins dont les têtes blondes ou brunes, les peaux claires ou foncées me rappellent pourtant que cela se passe ici, dans ma ville, en France.
Autre témoignage d’une de nos volontaires :
École maternelle Diderot. Dès l’arrivée ce sont les mines accâblées des parents qui m’ont sauté aux yeux. Leur regards fatigués mais plein de joie de voir de nouvelles têtes. Cela fait plus d’un an qu’ils se battent comme des lion.nes pour que les petits aient droit à un lieu de vie accueillant agréable et sain. Mais le verdict tombe dès les premiers pas dans l’établissement, ici on n’a pas le droit au beau, ni à la sécurité, les tout jeunes de 3 ans s’endorment avec la menace d’une lumière de plafond qui tombe sur la tête. Je vous avoue, je n’ai pas l’habitude de parler à la première personne, mais j’ai été choquée, je suis retournée et j’ai la rage. Quoi, la mairie s’en fiche ? « Les enfants s’adaptent » a-t-on répondu à des inquiets… Bien sûr, la maltraitance ça n’a pas de visage, et ça ne fait pas de bruit. Un rdv fixé aujourd’hui a tout simplement été annulé, le chargé de la petite enfance de la ville de Pantin a autre chose à faire sûrement… Honte à ceux qui laissent des enfants évoluer dans une école qui ressemble plus à un lieu bombardé. On s’en souviendra ! Soutenons les parents, les enseignants, de l’école maternelle. Allons sur leur page Facebook, Maternelle Diderot : ensemble on les fera flancher, ils plieront. Citoyens, Pantinois, parents, profs, toutes, tous avec eux, ensemble.
En 2019, des parents d’élèves s’inquiétaient de la nouvelle sectorisation des collèges de Pantin mise en place par le conseil départemental. Des élèves de Pantin se retrouvaient ainsi à devoir aller au collège Marie-Curie des Lilas, au lieu d’aller au collège Lavoisier de Pantin, plus proche.
L’année précédente, les personnels du collège Jolliot-Curie de Pantin dénonçaient aussi déjà la surcharge des effectifs par rapport aux locaux et le dépassement des seuils de 24 élèves par classe, acquis par des luttes précédentes.
La casse se poursuit à présent avec l’annonce de la suppression de 4 classes au collège Lavoisier. Selon la FCPE, le nombre d’élèves par classe va passer de 24-25 à 27-28. Cela va poser des problèmes par exemple pour l’inclusion d’élèves en difficultés d’apprentissage ou allophones dans ces classes en cours d’année. Quid de la distanciation imposée par l’épidémie de COVID 19 dans des salles qui ne peuvent physiquement accueillir plus de 27 élèves ?
Un de nos volontaires de NSP s’inquiète : « Ma fille aînée a pu faire sa scolarité au collège Lavoisier dans de plutôt bonnes conditions grâce aux petits effectifs. Ma fille cadette actuellement en primaire ne pourra donc pas bénéficier des mêmes conditions ? »
NSP soutient la pétition lancée contre ces fermetures de classe, et invite les Pantinois•es à la signer. Nous ne nous résignons pas à la casse du service public de l’Education nationale dans notre ville, qui favorise l’échec scolaire chez les plus démunis et pousse les familles les plus aisées à se tourner vers l’enseignement privé payant, accentuant encore de fait les logiques de ghetto et les inégalités.
Fidèles à notre programme ouvert pour une école démocratique, égalitaire, libertaire, fraternelle à Pantin, proposé durant la campagne des dernières élections municipales, nous demandons au maire de Pantin, qui est aussi élu au Conseil départemental, de prendre ses responsabilités vis à vis du département mais aussi du ministère de l’Education nationale : Pantin ne peut se contenter de subir des arbitrages pris sans aucune consultation des habitant•e•s. Nous proposons aux élus municipaux la création d’un intergroupe pour la défense du service public d’éducation dans le secondaire et le primaire (les banderoles qui ornent les écoles de Pantin nous rappellent que la situation est catastrophique aussi dans le primaire).
Ecole La Marine
Ecole Sadi-Carnot
Mais surtout, nous invitons les Pantinois•es qui veulent lutter contre cette casse et celles et ceux qui luttent déjà avec les Représentants des Parents d’Elèves, au sein du collectif Christine Renon, des syndicats d’enseignants, des Gilets Jaunes, des organisations politiques… à venir discuter avec nous de ce que nous pouvons faire, toutes et tous ensemble, pour défendre le service public d’éducation à Pantin. Notre assemblée générale leur est ouverte et nous sommes bien sûr prêts nous-mêmes à nous investir individuellement et en tant que collectif dans un cadre commun de lutte.