Le collectif « Nous Sommes Pantin » s’est constitué dans le cadre d’une exigence croissante de radicalisation de la démocratie, s’inspirant d’expériences citoyennes comme celle de Saillans, des enseignements du municipalisme libertaire, mais aussi de la dynamique issue de la revendication du Referendum d’Initiative Citoyenne par les Gilets Jaunes, qui a débouché notamment sur les réunions nationales des communes libres à Commercy, là où s’était déroulée la première assemblée des assemblées des Gilets Jaunes.
Pour autant, « Nous Sommes Pantin » n’a jamais refusé d’intégrer les organisations politiques en son sein. Au contraire, nous avons invité très tôt les partis et mouvements politiques présents à Pantin, et susceptibles de partager nos exigences démocratiques, écologiques et sociales à participer à notre démarche. La grande majorité des militants locaux de la France Insoumise s’est intégrée à ce collectif à partir de juin 2019. Le Nouveau Parti Anticapitaliste, le Parti Ouvrier Indépendant, le mouvement Pour une Ecologie Populaire et Sociale et le Parti Communiste Français ont participé à nos discussions et à nos travaux. A l’automne 2019, nous avons invité, en plus de ces organisations, la cheffe de file désignée par le comité électoral de la France Insoumise (accompagnée de l’attaché parlementaire du député FI local), ainsi que les représentants locaux d’Europe Ecologie – Les Verts, Place Publique et Lutte Ouvrière (cette dernière est venue nous signifier que LO ferait sa propre liste). A l’issue de cette rencontre, chaque organisation devait nous faire un retour sur nos textes fondateurs (charte et manifeste) et nous envoyer ses propres éléments programmatiques et exigences. Mais nous n’avons jamais rien reçu.
Quelque temps plus tard, nous avons appris que le PCF se réunissait avec la FI (du moins la toute petite partie de la FI qui ne s’était pas investie dans NSP), EELV et Génération.s. Le PCF nous fit alors prévenir qu’il se retirait de NSP sous prétexte que notre démarche était « trop avancée ». Par la suite, nous avons appris qu’EELV et la personnalité locale dont le PCF soutenait la candidature pour la tête de liste allaient finalement rejoindre le PS et le maire Bertrand Kern dont ils disaient le plus grand mal encore quelques jours auparavant, critiquant tant sa gestion austéritaire que son autoritarisme. C’est alors que le PCF, trouvant finalement notre démarche pas si avancée que cela, est revenu vers nous pour nous proposer une réunion le 6 janvier. La convergence programmatique semblait malgré tout possible et NSP fut invité par le PCF à une réunion avec le collectif de campagne « Pantin En Commun » formé par le PCF, la FI et Génération.s. Les discussions furent compliquées par l’exposé de divergences internes à la FI, mais il fut convenu que NSP se laissait quelques jours pour discuter de la possibilité d’une alliance et reviendrait ensuite vers PEC.
Après discussions et vote en assemblée générale, le collectif NSP s’est prononcé pour l’alliance, mais à certaines conditions : l’assemblée générale du nouveau collectif rassemblant PEC et NSP devrait être souveraine et composée de résident.e.s pantinois.e.s (afin d’éviter les coups de force par des éléments extérieurs, pratique déjà vécue par le passé, notamment au sein de la FI), une charte serait élaborée en commun et signée par les organisations ; quant à la liste, elle réserverait un quart des places au collectif NSP ainsi que la tête de liste. Nous avions bien conscience que ce dernier point serait difficile à accepter par nos partenaires, mais nous avions des arguments sérieux à faire valoir : en 2015, le candidat communiste de la liste Front de Gauche – EELV s’était désisté en faveur du PS entre les deux tours des élections départementales malgré le vote contraire des militants locaux de toutes les organisations concernées ; en 2017, le comité électoral de la FI avait imposé la candidature de Bastien Lachaud aux législatives malgré le vote contraire des militants locaux de la FI. Nous ne voulons plus de telles pratiques anti-démocratiques, et c’est pourquoi nous souhaitons que la tête de liste, quelle qu’elle soit (si la loi n’imposait pas une tête de liste unique, nous présenterions un collectif non hiérarchisé), soit une personne présentant des garanties de respect du choix voté démocratiquement en AG, notamment en ce qui concerne un éventuel second tour. Si les organisations membres de PEC étaient restées dans le collectif NSP, les différentes hypothèses de second tour auraient d’ailleurs pu être examinées en AG dès l’automne 2019 et donner lieu à débats puis votes. Au lieu de quoi ces organisations ont d’abord fait le choix de s’entendre entre elles sans nous, avant de nous recontacter après la défection d’EELV. Ces revirements ne donnaient pas un signal positif quant à la volonté de PEC de trancher démocratiquement ces questions et de rompre avec les fonctionnements du passé. Nous avions donc besoin de garanties. Notre revendication ne servait d’ailleurs ici aucune ambition personnelle puisque nous n’avions pas encore désigné la personne qui pourrait occuper cette fonction administrative de tête de liste (et donc potentiellement de maire de notre commune), et que ce choix pouvait être débattu en commun, du moment que la personne ne puisse être contrainte par ses fonctions à une allégeance à un parti supérieure à toute loyauté envers le collectif.
Ces conditions ont été exposées au collectif PEC le lundi 13 janvier. Depuis, nous avons attendu une réponse, qui n’est arrivée que dimanche 19 janvier, alors que le calendrier s’accélère et qu’un tract du PCF mentionne la négociation en cours sans préciser que c’est NSP qui avait en premier lieu offert un cadre commun d’action. La réponse tardive de PEC ne nous satisfait pas. On nous demande de nous fondre individuellement dans la liste PEC parmi d’autres « citoyens » et non en tant que collectif constitué, de nous contenter de 6 places sur les 47 que comporte la liste, d’accepter qu’un choix d’alliance ou de désistement en faveur du PS au second tour soit déjà fait sans que nous ayons pu prendre part au débat, et d’accepter que la tête et la 2ème place de la liste soient réservées à la FI et au PCF. Les personnalités pressenties pour occuper ces places sont, pour la FI, une ancienne porte-parole du PS (qui ne s’opposait pas à la loi Travail en 2016 et critiquait les « frondeurs »), fraichement parachutée à Pantin, et, pour le PCF, le candidat qui n’avait pas respecté le vote des militants en 2015.
Dans ces conditions, le collectif « Nous Sommes Pantin » à qui il est proposé une simple figuration sur une liste FI-PCF verrouillée par les appareils ne peut que constater avec regret que l’alliance est impossible. Ce n’est pas faute, de notre côté, d’avoir fait preuve d’ouverture. Nous ne pouvons entériner cette tambouille politicienne trop éloignée de notre raison d’être en tant que collectif : expérimenter des formes d’exercice direct du pouvoir municipal par les citoyens, dé-professionnaliser la politique. Comment des organisations qui n’en veulent pas dans leur fonctionnement interne pourraient-elles porter cet objectif lors du prochain mandat municipal ? A cette heure, nous n’avons pas de raison de penser qu’elles se comporteraient autrement que le maire actuel, et nous décidons donc de porter nous-mêmes, de façon autonome et avec sincérité, nos valeurs démocratiques.